Ce matin, j’étais invité par le président de la République. Il m’avait même prié de lui faire l’honneur de ma présence. J’ai répondu à sa prière et je lui ai fait cet honneur.
Que dire d’original sur un défilé militaire ? En assistant à cette belle parade, je me suis fait cette réflexion que les pacifistes étaient dans le meilleur des cas des désaxés. La guerre, ce n’est pas beau ? Peut-être, mais les chevelus qui scandaient « Faites l’amour, pas la guerre » et autres slogans pacifistes il y a quarante ans retardaient… d’une ou deux guerres.
En France, le plus puissant mouvement pacifiste de l’histoire moderne aura sans doute été celui qui, inspiré par le traumatisme de la Première Guerre mondiale, a abouti à la collaboration. D’après l’historien Simon Epstein, c’est paradoxalement l’horreur de la guerre qui a conduit un certain nombre de personnalités à approuver la politique de capitulation du maréchal Pétain et à devenir collabos, voire même Waffen S.S.
En réalité, tout a déjà été dit sur le pacifisme, depuis le proverbe latin « Si tu veux la paix, prépare la guerre » jusqu’à la remarque du président Mitterrand « Les SS-20 sont à l’Est et les pacifistes à l’Ouest (voir aussi l’ouvrage La Force du vertige d’André Glucksmann).
Entendre encore parler de « paix » au Proche-Orient, c’est vraiment fatiguant. Face à un ennemi qui veut vous détruire, il ne doit pas être question de paix. Israël doit continuer à se battre, tout simplement parce qu’il n’a pas le choix. À ceux qui bêlent des inepties du genre « il faut tendre la main », je demande si les Alliés ont tendu la main aux nazis, ou les nazis aux Alliés, et si les Japonais ont tendu la main aux Américains, ou les Américains aux Japonais. À ma connaissance, ce n’est pas ainsi que la Seconde Guerre mondiale s’est terminée et que la « paix » est arrivée. La paix, c’est quand l’ennemi, écrasé sous les bombes, capitule sans conditions.
Certains voudraient un monde sans guerres et sans armées ? Pourquoi pas, mais à condition de commencer par désarmer les dictatures et autres régimes totalitaires, notamment certains pays arabes et musulmans, et puis aussi, bien sûr, les deux superpuissances qui rivalisent de stratégies folles et destructrices. Il n’y a aucune raison de commencer par la France (ni par l’Occident de façon unilatérale).
Dans le même ordre d’idées, et comme le rappellent certaines réactions à mes deux derniers billets, il y a des gens qui voudraient un monde sans religions. Là encore, pourquoi pas, mais à condition de supprimer d’abord celle qui fait le plus de dégâts dans le monde actuellement, et de supprimer ensuite celle qui en a fait autant il y a quelques siècles : il importe de procéder dans un ordre cohérent. Je rappellerai tout de même que chacune de ces deux religions revendique plus d’un milliard d’adeptes.
C’est là qu’on mesure à quel point l’expression de ce genre d’utopie équivaut à parler pour ne rien dire.
Pour en revenir au défilé de ce matin, j’ai surtout regretté d’avoir oublié que la météo était de loin la plus fiable des informations délivrées par nos médias. C’est ainsi que j’ai fait partie de ceux qui, trompés par un temps magnifique en tout début de matinée, n’avaient pas pris de parapluie, si bien qu’au retour, on voyait mes poils à travers ma chemise et mon pantalon.