Je devais avoir neuf ou dix ans, au maximum, la première fois que j’ai eu l’occasion de m’intéresser à la presse écrite. C’était pendant les vacances d’été. Deux ou trois titres m’ont marqué au point que je m’en souvienne encore aujourd’hui, comme celui-ci : « Une institutrice morte d’une hépatite ». Papa, c’est quoi une hépatite ? Une jaunisse, m’expliqua mon père. Dans le même journal, un autre article m’apprenait qu’une éprouvette ayant été malencontreusement vidée dans un évier, une rivière était contaminée depuis peu par « le virus de l’hépatite », au point que depuis, elle coulait « paresseuse et jaune » (sic). L’hépatite était donc un vrai fléau national ! Une autre fois, je lus ceci : « Un monolithe menace Nantua » (Papa, c’est quoi un monolithe ?). La photo illustrant l’article n’était peut-être pas très probante, mais la perspective d’un gros rocher dégringolant sur une ville et tuant ses habitants avait de quoi effrayer l’enfant que j’étais.
La conclusion que je tire aujourd’hui de cette anecdote, c’est qu’il n’est pas nécessaire de se référer à la façon dont les journalistes parlent d’Israël pour prendre la mesure de leur imbécillité.
Comme on le sait, cette profession ne brille pas davantage par son intelligence ni par son intégrité dans les médias sonores, et si j’écoute France-Musique, c’est bien évidemment parce que j’aime la musique. Quand il advient que la radio résonne chez moi à l’heure du « journal » (couplé avec France-Culture), c’est par pure inadvertance, et je ne tarde généralement pas à couper le son. Hier matin (ou était-ce avant-hier ?), j’entrai dans ma salle de séjour au moment où sortaient de mes baffles les vociférations d’un homme politique lors d’un meeting. À la fin de cet extrait, le présentateur du journal rappelle que c’était François Hollande, et dans quel contexte intervenait « le leader sion… socialiste » (sic).
Ai-je besoin de préciser que le discours de François Hollande n’avait absolument aucun rapport avec le Proche-Orient, ni avec les Juifs ? Ai-je besoin de préciser que François Hollande n’est pas juif ?
Sachant qu’un grand magazine critique de disques de musique classique peut publier six pages de propagande « pro-palestinienne » sans qu’apparemment, personne à part moi n’en soit choqué, je veux bien croire que je suis le seul auditeur à avoir relevé le lapsus inachevé du journaliste de Radio-France : raison de plus pour en parler. Ce que m’indique ce lapsus, c’est que ce présentateur n’est sans doute pas membre du P.S., certes, mais encore, qu’à l’instar de la très grande majorité des journalistes, il appartient à l’extrême gauche, une extrême gauche au sein de laquelle, tout comme dans la frange la plus antisémite et la plus conspirationniste de l’extrême droite, on voit des « sionistes » partout.
Tout de même, cette haine contre la nation juive, jusqu’où va-t-elle se loger !
Je suis fatigué de dénoncer encore et encore l’imbécillité des journalistes, et je suis fatigué de dénoncer cette haine anti-juive qui suinte de partout, et dont la presse est le vecteur le plus important. Et cependant, je sais que je continuerai à dénoncer l’une et l’autre... même quand elles seront contenues dans un lapsus constitué d’une seule syllabe.