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12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 14:30

J’avais été recruté comme consultant, sans vraiment connaître la signification de ce mot, par une société d’informatique et de télécommunications, appelons-la Foutretech. Suite à un accident, je m’étais présenté à l’entretien avec un bras dans le plâtre, subodorant que cette touche d’originalité involontaire jouerait en ma faveur. Plus inattendu, mes interlocuteurs, le DG et son bras droit (si j’ose dire), insistèrent pour que j’écourte mon arrêt maladie : il fallait commencer au plus vite à travailler sur un projet qui démarrait. Peu importait que je ne puisse pas tenir un stylo pendant les premières semaines.

Le projet en question concernait une banque suisse (appelons-la la Compagnie Vaudoise de Banque). Le jour de mon entrée en fonction, on m’informa d’un retard. Autant dire qu’on m’avait recruté pour me mettre en chômage forcé. Ce qui n’empêcha pas le DG, à la sortie d’une réunion qu’il avait l’habitude d’organiser délibérément entre 18h et 19h, de se montrer désagréablement surpris de me voir quitter les lieux à 19h10 plutôt que de me réinstaller dans mon bureau.

Bureaux-a-louer.jpgQuand le projet sembla enfin démarrer, j’étais censé me familiariser avec un logiciel de gestion pour aller ensuite aider les clients suisses à le paramétrer. On m’envoya à Lausanne en compagnie de mon supérieur hiérarchique direct, appelons-le Fabrice, et d’un consultant de la société qui produisait le logiciel : un jeune Allemand, appelons-le James. Je ne comprenais pas bien pourquoi nous devions y aller à trois, ni quel rôle Foutretech allait jouer, puisque l’éditeur du logiciel lui-même, notre « partenaire », était de la partie. Sur place, ma perplexité ne fit que croître. Le logiciel n’avait rien de sorcier ; en outre, notre principal interlocuteur, un trentenaire, avait une excellente maîtrise de l’outil informatique.

Au cours de la réunion, pendant que James présentait en détail le logiciel, je ne cessais de me demander à quoi nous servions, Fabrice et moi. Une fois la présentation de James terminée, mon sentiment avait atteint son paroxysme. C’est alors que Fabrice prit la parole pour demander au client : « À ce stade, qu’est-ce que Foutretech peut vous apporter ? » J’en eus le souffle coupé. Le Suisse lui répondit aussi sec : « Eh bien, je vous dirai franchement qu’à ce stade, je n’ai pas besoin de Foutretech. »

Trois ou quatre semaines plus tard, passées à faire semblant de travailler et à tourner en rond, Fabrice décida de lui-même qu’un deuxième voyage à Lausanne, à deux, serait opportun. James n’en serait pas : il s’était disqualifié la dernière fois aux yeux du client en terminant son exposé par un cas pratique dont le thème était la grande distribution, et non la banque : erreur fatale ! Par ailleurs, nos « partenaires » avaient tendance à nous ridiculiser aux yeux de nos clients communs, ce qui avait peut-être aidé Fabrice à prendre conscience de la redondance.

Ma foi, j’étais content à nouveau de prendre le large et de retrouver le plaisir du voyage en TGV, du dépaysement, de l’hôtel luxueux et des petits gâteaux. J’éprouvais tout de même une certaine gêne, car je ne comprenais toujours pas à quoi rimait cette mission. Au retour, je sus que les Suisses non plus n’avaient pas compris. À ce stade, sans doute, ils n’avaient toujours pas besoin de Foutretech. Comme par une réaction en chaîne, mes supérieurs décidèrent alors que Foutretech n’avait pas besoin de moi.

L’autre jour, j’ai discuté avec un informaticien qui m’a expliqué la logique du recrutement dans les sociétés de services informatiques : on recrute des ingénieurs et des consultants (quitte à ne pas les garder) non pas pour des besoins tangibles, mais pour montrer à ses actionnaires qu’on embauche, que la société se développe (puisqu’elle embauche)… Le reste est à l’avenant.

On n’a jamais fini de s’instruire sur ses propres expériences du passé.

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23 juin 2012 6 23 /06 /juin /2012 16:00

 

Trois mois sans publier un seul article ! Pour me rattraper, voici quelques-unes de mes propres réflexions sur différents sujets, telles que je les ai publiées lors de discussions sur divers blogs au cours de ces dernières années :

 

 

Sur l’abattage rituel :

 

Jusqu’ici, il semble que l’abattage industriel et les élevages en batterie, dont la similitude avec les camps nazis a été justement évoquée, trouvent leur place dans la « civilisation occidentale » ; de même que la chasse, sous ses différentes formes (plus cruelle l’une que l’autre), la pêche, sous ses différentes formes (plus cruelle l’une que l’autre), la destruction des écosystèmes et du cycle de l’eau, les spectacles d’animaux exotiques et les parcs à dauphins, la corrida, et j’en passe. Dans ces conditions, montrer du doigt l’abattage « rituel », halal ou cachère, en évoquant la souffrance des animaux, est pour le moins suspect.

 

 

Sur les chiens, les chats et les trottoirs :

 

Pourquoi devrions nous accepter des animaux ce que nous n’accepterions pas des gens ? Ou plus exactement, pourquoi devrions-nous accepter sur nos trottoirs des étrons et de la pisse quand cela vient des chiens, et pas quand cela vient des humains ?

 

Les chats ne sont pas plus propres que les chiens. La différence, c’est que le maître du chat l’habitue à une litière à la maison, tandis que le maître du chien habitue son chien au trottoir. Si c’était le contraire, les trottoirs seraient jonchés de crottes de chats et ce ne serait pas plus ragoûtant.

 

 

Sur les centres d’intérêt des gens :

 

Il y a quelque temps, j’avais évoqué l’affaire Al-Dura dans ma propre famille. Mes interlocuteurs ne voyaient pas de quoi il s’agissait. Ce nom ne leur disait pas grand chose. Un matin, je parlais de Charles Enderlin à un ami qui habite en région parisienne, qui est juif et qui passe chaque année ses vacances d’été en Israël. Il ne voyait pas qui c’était. Parfois j’ai l’impression que je vis dans un autre monde que tous ces gens qui m’entourent. Et alors, je m’étonne un peu moins qu’ils croient tous, par exemple, qu’il y aurait deux peuples sur une terre, qu’il faut faire la paix, un tas de bêtises

 

Et pourtant, ceux dont je parle ont fait des études supérieures, ont un métier scientifique ou autre, ont des activités culturelles, lisent des livres, sont abonnés à des magazines. Il est vrai que je suis le premier à relativiser tout cela, surtout en ce qui concerne ce dernier point…

 

Je remarque que lorsque nous recevons des amis ou quand nous sommes reçus, on ne discute jamais de ces problèmes. On parlera des enfants, des parents, des vacances, de tel ou tel magasin qui fait des promos, de tel ou tel restaurant… En famille, c’est la même chose.

 

C’est pour cela, je pense, que nous nous retrouvons sur certains blogs, pour des discussions intéressantes que nous n’avons pas avec les gens qui nous entourent, pas même avec nos amis et nos proches. En tout cas, c’est ainsi en ce qui me concerne.

 

Et, en effet, comment les « jeunes des banlieues », par exemple, pourraient-ils réfléchir aux grands problèmes du monde, si même ceux qui, en raison de leur éducation, de leurs études, de leur métier, de leurs hobbies, croient appartenir à une certaine élite, en sont eux-mêmes incapables ? Comment les voyous incultes des zones bétonnées où règnent les gangs pourraient-ils exprimer autre chose que des vieux clichés ridicules, si seules les personnes qui fréquentent certains blogs particuliers échappent à ce prêt-à-penser ?

 

 

Sur l’affaire Al-Dura :

 

Même si l’imposture Al-Dura n’en avait pas été une, même si le garçon avait vraiment été tué, et même s’il avait été tué par des soldats israéliens, et même si ces derniers s’étaient réellement amusés pendant 45 mn à essayer de le dégommer (comme l’ont affirmé Enderlin et son caméraman), eh bien, la diffusion de ce « reportage » n’en aurait pas moins eu les effets dévastateurs qu’elle a eus. Je veux dire que même dans cette hypothèse absurde où il se serait agi d’un fait authentique, Enderlin et France Télévisions, en rapportant ce fait à leur manière, se seraient rendus coupables d’incitation à la haine antisémite et au meurtre. Daniel Pearl et les autres n’en auraient pas moins été torturés et tués à cause de cela. Mais on dirait que personne autour de nous n’en a l’idée.

 

Or, la réalité est pire encore, puisque tout ce déferlement de haine, de violence et de meurtres, qui est loin de se tarir, a été provoqué par une mystification totale, un « bidonnage » dont on n’en revient pas qu’il ait si bien marché, alors qu’il était pourtant si mal ficelé, et que, dans cette histoire telle qu’Enderlin et ses comparses nous l’ont présentée, rien ne tient la route.

 

 

Sur l’avortement :

 

Ceux qui dénoncent la légalisation de l’avortement ont tendance à préférer jouer sur l’émotion plutôt que d’utiliser les arguments rationnels qui, sans doute, leur font défaut. Primo Levi disait qu’il faut se méfier de ceux qui veulent nous convaincre par d’autres voies que la raison. Quelqu’un m’écrit que c’est d’un enfant qu’il faut parler, non pas d’un fœtus ou d’un embryon. Je lui réponds que les mots fœtus et embryon désignent le fœtus ou l’embryon, comme le mot téléphone sert à désigner le téléphone et comme le mot écureuil sert à désigner l’écureuil. Un enfant est un enfant, un embryon est un embryon. Vous reprochez aux gens de gauche de pervertir le sens des mots, lui dis-je, mais vous faites la même chose.

 

Par ailleurs, je suis bien persuadé qu’un certain nombre de sexagénaires et de septuagénaires qui se sont opposés à la légalisation de l’IVG dans les années soixante-dix ne s’étaient pas montrés aussi acharnés à défendre « la vie » trente ou trente-cinq ans plus tôt, quand on déportait les Juifs y compris les enfants et les femmes enceintes.

 

 

Sur la corrida :

 

Je pense que les rares fois où l’homme est blessé par le taureau, cela procure aux spectateurs la même jouissance que lorsque c’est le taureau qui est blessé. Et sur ce point, ce ne sont pas ceux qui prétendent, contre toute évidence, qu’il s’agirait d’un combat loyal, d’une sorte de duel, qui pourront me contredire. Dans les deux cas, le sang dont la vue les émoustille tant est de la même couleur.

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23 mars 2012 5 23 /03 /mars /2012 11:39

Surtout, ne pas faire d’amalgame.

Ce n’est pas parce qu’on se prénomme Mohamed qu’on est musulman.

Ce n’est pas parce qu’on est musulman qu’on se laisse influencer par les reportages de France Télévisions consacrés au Proche-Orient. D’autant que l’absence de toute mauvaise intention, l’objectivité et le professionnalisme des journalistes ne sauraient être mis en doute.

Dents-Amalgame.jpgCe n’est pas parce qu’on a déjà commis une vingtaine de délits en l’espace de quelques années, qu’on doit être stigmatisé comme délinquant.

Ce n’est pas parce que des gens portent plainte pour coups et blessures qu’il faut donner suite, surtout si l’auteur présumé de ces coups et blessures se prénomme Mohamed. Car en donnant suite, on risquerait de stigmatiser certaines catégories de personnes.

La stigmatisation mène au racisme, et le racisme tue. Nous en avons ici une bonne illustration : si Mohamed, dans sa banlieue toulousaine, ne s’était pas senti stigmatisé, il n’aurait sûrement pas tué un militaire antillais.

Ce n’est pas, non plus, parce qu’on va suivre des stages de formation à l’étranger qu’on doit être stigmatisé. Appréhender et interroger un homme qui revient d’un séjour prolongé en Afghanistan ou au Pakistan, alors qu’on n’appréhende pas des gens qui reviennent d’un séjour de deux semaines aux Baléares, ce serait pratiquer une discrimination.

Et si, en outre, l’homme appréhendé se trouvait, par pur hasard, être musulman, ou d’origine maghrébine, voire les deux à la fois, alors le racisme ne serait pas loin.

Voilà pourquoi il n’était pas possible d’arrêter plus tôt ce jeune homme, avant qu’il ne commette l’irréparable. La discrimination n’est pas admissible. Nous sommes dans un État de droit !

Sans compter qu’on a des témoignages selon lesquels ce Mohamed était un jeune homme fort sympathique, avec qui on pouvait prendre un verre et discuter en toute amitié.

Ce n’est pas parce qu’on poursuit une fillette de huit ans dans la cour d’une école juive pour lui mettre une balle dans la tête qu’on est antisémite. Surtout si la fillette était sioniste. Il ne faut pas confondre antisionisme et antisémitisme.

Et puis, n’oublions pas qu’avant de s’en prendre à des enfants juifs, Mohamed avait abattu trois militaires, dont deux musulmans. Par conséquent, si l’on veut parler d’antisémitisme, alors il faut aussi évoquer l’islamophobie : celle de Mohamed, et celle de ses commanditaires iraniens.

Si l’on veut comprendre comment un tel drame a pu se produire, il ne faut pas négliger le fait que Mohamed ait grandi dans les banlieues. Je sais ce que c’est, je suis moi-même issu des banlieues. Je suis né dans les Hauts-de-Seine et j’ai passé la plus grande partie de mon enfance dans le Val-de-Marne. C’est certainement ce qui explique mes manières parfois un peu brusques.

Il faut savoir également que le jour où Mohamed a voulu entrer dans la Légion, les recruteurs n’ont pas retenu sa candidature. Comble de malchance, le jeune carrossier s’est même retrouvé au chômage : il voyait venir le moment, le pauvre, où il n’aurait plus un sou pour s’acheter ses munitions.

Sandler-Monsonego.jpgIl est bien regrettable que l’auteur de la tuerie de l’école juive soit mort alors que les autorités le voulaient vivant, mais nous savons qu’il s’est envoyé lui-même une balle dans la tête en sautant par la fenêtre (tout en tirant sur les policiers de l’autre main).

Il n’aurait pas été admissible que les forces de l’ordre l’abattent délibérément. Toucher à un Arabe, c’est toucher à la République (c’est valable aussi pour un Rom, bien évidemment).

Heureusement, nos dirigeants sont décidés à mettre tout en œuvre pour empêcher que de tels drames se reproduisent. Le président de la République a déjà annoncé des mesures radicales. Désormais, avoir grandi dans les « banlieues » sera considéré comme un délit, et tout chômeur ayant grandi dans une banlieue sera poursuivi pénalement.

Autre motif que nous avons d’être rassurés pour l’avenir, le grand-rabbin de France lui-même a appelé les Juifs à éviter tout amalgame entre le djihad et l’islamisme.

Et nos dirigeants politiques ont veillé à mettre en garde la communauté juive contre toute velléité d’exercer, comme les Juifs avaient l’habitude de le faire au lendemain d’attentats visant leur communauté, des représailles dans les cours des écoles coraniques et catholiques.

Il est réconfortant de savoir que nous avons des dirigeants politiques dignes et responsables et qu’à l’avenir, il n’y a plus lieu de craindre que des Juifs aillent commettre de tels actes.

 

Voir aussi : http://jssnews.com/2012/03/23/le-syndrome-pathologique-de-la-france-par-shmuel-trigano/

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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 08:52

« En France du moins, l’occupation allemande n’a pas été particulièrement inhumaine, même s'il y eut des bavures, inévitables (…) »

Qui a tenu ces propos ? Quelles ont été les réactions et les conséquences ?

« La politique d’occupation allemande était (…) une politique relativement inoffensive, si l’on fait abstraction d’éléments d’exception (…) »

Mêmes questions (ici, quand on lit l’intégralité des propos, c’est encore plus abject).

Quiconque n’aura pas reconnu les auteurs respectifs de ces deux phrases pourra facilement les identifier à l’aide de son moteur de recherche préféré.

Dans le premier cas, il y a eu des poursuites, qui se sont terminées par une sanction confirmée en appel : trois mois de prison avec sursis et dix mille euros d’amende.

Dans le second cas, en revanche, il n’y a eu aucune poursuite, et aucune condamnation. Aucune condamnation morale non plus, de la part des grands médias français.

hollande-hessel-600x360Parmi ceux qui ont poussé des cris d’orfraie dans le premier cas, nombreux sont ceux qui ont cru devoir suggérer, dans le second cas, qu’il n’y avait pas de quoi fouetter un chat.

L’auteur de la première phrase est censé se situer très à droite sur l’échiquier politique, tandis que l’auteur de la seconde phrase est réputé se situer à gauche. Mais cela n’a sans doute aucun rapport avec la différence de traitement constatée.

Nicolas Sarkozy n’entretient aucun lien avec l’un ou l’autre ; François Hollande, quant à lui, affiche ouvertement son amitié avec l’un de ces deux brillants causeurs.

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23 février 2012 4 23 /02 /février /2012 12:08

Au temps où j’étais professeur dans des classes de BTS et un jour que je recevais un nouveau groupe d’élèves et faisais l’appel, je tombais sur ce nom : Czajkowski.

« Tchaïkovski », prononçai-je sans hésiter, et l’intéressée leva la main. Ai-je perçu une vague surprise chez cette jeune femme ? Plus que chez ses camarades ? Ou me suis-je imaginé ce que j’avais anticipé ? Mais elle ne me reprit pas sur la prononciation de son nom, et il n’y eut aucun murmure dans la salle. La Belle au bois dormant ? Mais alors, c’était tout le monde qui dormait.

Ma foi, c’était bien ce nom là, mais avec l’orthographe polonaise.

À ce propos, j’ai décidé que la prochaine fois que j’entendrai encore quelqu’un appeler le compositeur « Tchékovski », je lui demanderai : « Et Tolstoï, il fait du patin ? »

Il y a aussi la détestable tendance des médias et des cinéastes à attirer l’attention du public sur tel ou tel aspect de la vie privée d’un compositeur, comme s’il fallait s’en repaître plutôt que d’écouter sa musique. J’y reviendrai peut-être dans un billet ultérieur.

Tchaikovski.jpgMa découverte de Tchaïkovski remonte à l’âge de sept ans. À la maison, j’entendais la musique classique qu’écoutait mon père, mais c’est à l’école que j’ai commencé à m’y intéresser. Tous les mardis, l’institutrice posait son poste de radio sur son bureau et nous faisait écouter une émission pédagogique. Parmi les morceaux au programme, il y avait le plus célèbre extrait du Lac des cygnes, celui qui vous prend aux tripes comme pas possible (du moins, si vous êtes doué d’une sensibilité normale).

Mon père venait de faire installer dans sa voiture un lecteur de cassettes. C’est ainsi que je me familiarisais au même moment aux plus beaux extraits de la suite de ballet de Casse-Noisette.

Vint le jour de l’interrogation écrite. On nous fit entendre les différents morceaux qui nous avaient été présentés au cours des émissions précédentes, mais cette fois, nous devions les identifier. Je n’eus aucune peine à reconnaître la symphonie « Héroïque » de Beethoven, le « Printemps » de Vivaldi et deux ou trois morceaux d’autres compositeurs.

Je reconnus aussi sans hésitation la Valse des fleurs extraite du Casse-Noisette de Tchaïkovski, bien que ce titre n’ait jamais été mentionné par le présentateur. C’est ainsi que je perdis un point : La Valse de Ravel, telle était la bonne réponse. Prétendument, du moins. Je suis formel, ce qu’on venait de me faire entendre était bien la Valse des fleurs de Tchaïkovski. Certes, il avait effectivement été question de Ravel la fois précédente : c’est sans doute que dès le début, il y avait eu une erreur dans le programme.

Ce ne serait ni la première ni la dernière des injustices que je subirais au cours de ma scolarité, mais celle-ci faisait au moins deux victimes : moi-même, et Tchaïkovski.

Vingt ans plus tard, alors que je me préparais à quitter mon emploi chez PSA, j’eus l’occasion de m’entretenir de façon informelle et amicale avec Joël Seydoux, directeur de Socia-Sofib, la banque interne du groupe : une personnalité quelque peu atypique dans ce milieu. Notre aversion commune pour certaines choses et certaines personnes nous rapprochait. Et puis, avec lui, je pouvais même discuter de musique. Joël Seydoux me fit part de son goût pour Schönberg, par opposition à « des compositeurs qui vocifèrent » comme Tchaïkovski.

Songeant au pathos de certains passages des symphonies du maître russe, ainsi qu’au fameux extrait du Lac des cygnes, je n’eus aucune difficulté à comprendre l’idée de mon interlocuteur. Cependant, si je pouvais à la rigueur me contraindre à écouter La Nuit transfigurée, la musique dodécaphonique n’était vraiment pas ma tasse de thé et je préférais, de beaucoup, la musique russe.

« Dans la finance, je fais du Schönberg, me dit-il ; alors que vous, si je vous embauchais, vous feriez du Tchaïkovski ».

Je n’ai donc pas eu le plaisir de collaborer avec Joël Seydoux. Cela dit, sa gestion schönbergienne des finances du groupe automobile n’allait pas tarder à lui valoir quelques ennuis avec la direction, non sans conséquences pour sa carrière.

Et voilà comment on peut écrire sur un compositeur en évitant aussi bien les aspects musicologiques que les aspects biographiques. :-)

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17 février 2012 5 17 /02 /février /2012 17:05


Je ne sais plus par quelle opportunité, à un moment donné (cela fait longtemps), j’avais glissé dans la conversation que j’étais opposé aux expérimentations sur les animaux (je le suis toujours). Aussitôt, mon hôte m’avait interrompu : « Et sur qui veux-tu qu’on les fasse, les expérimentations, sur des
travailleurs immigrés ? »

À cette époque, les mots « travailleur » et « immigré » étaient souvent accolés l’un à l’autre, vous souvient-il ?

Toujours est-il que l’on comprenait très bien à quelle catégorie particulière d’immigrés il faisait allusion.

Il importe de souligner que je n’avais pas encore eu la possibilité d’expliquer quelle alternative à l’expérimentation animale je proposais. Au reste, on n’allait même pas se soucier de le savoir.

Lapin-Bois.jpgIl importe aussi de préciser que rien, sans doute, dans la réputation de mon contradicteur, dans ses fréquentations ni dans ses lectures, n’aurait permis de le soupçonner d’être raciste. Ses sympathies politiques n’allaient certainement pas au Front National, mais plutôt au Parti Socialiste par exemple.

Cette idée qu’un traitement qui serait criminel s’il était infligé à des citoyens quelconques, pourrait devenir plus acceptable s’il était réservé à des individus caractérisés par une certaine origine géographique ou ethnique, il ne la revendiquait pas du tout, puisque c’était à moi qu’il l’attribuait. Et cependant, cette idée, c’est bien de son esprit, et non du mien, qu’elle avait surgi. De quoi s’agissait-il sinon d’une projection, au sens freudien du terme ?

Ce qui me semble intéressant dans une projection comme celle-ci, c’est la façon dont son auteur révèle inconsciemment son propre côté sombre, alors même qu’il prétend ridiculiser, voire démasquer son interlocuteur.

Les exemples de projection de ce genre sont aujourd’hui très courants autour de nous, surtout chez les prétendus « antiracistes » et autres donneurs de leçons.

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2 février 2012 4 02 /02 /février /2012 17:54

 

Je garde un souvenir particulier d’une journée à Dijon vers la fin des années quatre-vingt-dix. Après un déjeuner somme toute bien agréable, Frédérique nous avait proposé d’assister à son cours de danse. Il s’agissait d’un type de danse assez spécial, de la danse « libre ».

 

Je n’ai jamais éprouvé une passion particulière pour le sport ni pour la danse, et regarder les autres faire des mouvements n’a jamais été mon occupation préférée ; mais enfin, tel était le programme, et je m’étais résolu à suivre le mouvement, si je puis dire, sans idée préconçue. Et puis, cela ne durerait jamais qu’une heure.

 

Nous nous sommes donc retrouvés au CREPS et nous avons attendu quelques minutes devant l’entrée de la salle, témoins de l’arrivée progressive des participants. Il me semble qu’ils étaient au moins une trentaine.

 

Annie, la professeure (quel mot vilain… j’aurais préféré « professeuse », mais malheureusement, on ne m’a pas consulté), n’a pas tardé à arriver. Elle nous a salués et nous a invités à entrer dans la salle et à nous asseoir où nous voulions. Il me semble qu’elle nous a aussi précisé que nous devions nous sentir libres de sortir à tout moment si nous le désirions. Je ne suis pas sûr qu’elle ait dit tout cela de façon littérale, car je ne crois pas qu’elle ait prononcé plus de deux phrases courtes à notre attention, mais c’est le message que j’ai reçu. Cette façon de nous mettre à l’aise était déjà remarquable. Il m’en est même resté l’impression qu’elle m’avait appelé par mon prénom. Plus précisément, c’était comme si cette femme savait qui j’étais.

 

Annie GCela m’avait-il échappé, ou ne me l’a-t-on dit qu’ensuite ? Annie n’était pas seulement le professeur de danse de Frédérique, mais aussi la mère de son concubin, donc en quelque sorte sa belle-mère ; et « Frédou » était en quelque sorte l’ex belle-sœur de celle qui était alors, en quelque sorte, ma compagne. Certes, cela peut parfois créer des liens. En quelque sorte. Certes, Frédou lui avait sans doute demandé l’autorisation de nous inviter.

 

Certes. Mais tous les « certes » et tous les « en quelque sorte » du monde ne pourraient pas expliquer ce que j’ai ressenti à ce moment : la sensation de me retrouver en présence d’un être exceptionnel, capable d’une conscience vive (et d’un profond respect) de l’individualité de chaque personne présente. Certains ont dit avoir éprouvé une telle sensation en présence du dalaï-lama.

 

Ce sentiment ne devait pas me quitter un instant pendant le cours de danse libre, alors que je contemplais cette femme étonnante, d’autant qu’elle n’était point toute jeune, qui faisait exécuter à son groupe d’élèves des mouvements étranges en les guidant au moyens de sons de ce qui me semblait être un langage quelque peu ésotérique. Alors même qu’elle dirigeait les mouvements des nombreux participants et les faisait travailler avec de petites balles bleues et vertes, et alors que je n’étais qu’un spectateur, et sans doute pas le plus attentif, il me semblait que chacun de nous continuait d’exister à chaque instant dans la conscience immédiate d’Annie.

 

Je n’ai revu Frédérique qu’un ou deux ans plus tard. Je lui ai expliqué cette impression frappante que sa « prof » et « belle-mère » m’avait laissée. Frédérique m’a alors raconté qu’Annie avait longtemps été professeur(e) d’éducation physique et sportive, et qu’elle n’avait cessé de se battre pour essayer de réformer cette discipline, pour tenter d’abolir l’esprit de compétition qui y régnait. Pendant toute sa carrière dans l’enseignement public, elle avait lutté pour l’avènement d’une éducation physique qui serait respectueuse de la personnalité de chacun, qui ne dévaloriserait plus les élèves les moins forts ou les moins sûrs d’eux, et qui ne laisserait aucun enfant en situation d’échec.

 

Mon intuition ne m’avait pas trompé. Ce n’était pas pour rien que j’avais vu en Annie Garby une femme moralement exceptionnelle, rayonnante de bonté et d’humanité.

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12 janvier 2012 4 12 /01 /janvier /2012 19:01

Le jour où j’avais découvert l’image ci-dessous, il y a longtemps déjà, quelque chose m’avait interloqué. Ce quelque chose me dérange toujours, chaque fois que je la contemple.  

ChodowieckiMendelssohn_Wache.jpgCette fois, ce n’est pas de la presse actuelle qu’il s’agit (à propos, personne ne m’a trouvé trop excessif envers les journalistes dans mon article précédent ?)

La scène représentée ci-contre date de plus de deux siècles. La représentation (une gravure) lui est probablement postérieure de quelques années. Je n’en dirai pas plus.

Lecteur, c’est à vous de vous exprimer (pour changer un peu).

Lorsque j’aurai reçu au moins cinq commentaires, j’expliquerai succinctement, en réponse aux commentaires, ce que cette image représente.

Peut-être la connaissez-vous déjà ? C’est possible, mais relativement peu probable.

Ou bien, pouvez-vous identifier le personnage au centre ?

Une fois que j’aurai livré cette information, je solliciterai à nouveau vos impressions.

Ensuite, quand j’aurai reçu à nouveau plusieurs commentaires, j’en dirai davantage sur le contexte, et j’attendrai de savoir ce que cela vous inspire. Nous pourrons échanger nos remarques.

Alors seulement, je révélerai, le cas échéant, la raison pour laquelle quelque chose me rend perplexe quand je contemple cette gravure.

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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 11:17

 

Je devais avoir neuf ou dix ans, au maximum, la première fois que j’ai eu l’occasion de m’intéresser à la presse écrite. C’était pendant les vacances d’été. Deux ou trois titres m’ont marqué au point que je m’en souvienne encore aujourd’hui, comme celui-ci : « Une institutrice morte d’une hépatite ». Papa, c’est quoi une hépatite ? Une jaunisse, m’expliqua mon père. Dans le même journal, un autre article m’apprenait qu’une éprouvette ayant été malencontreusement vidée dans un évier, une rivière était contaminée depuis peu par « le virus de l’hépatite », au point que depuis, elle coulait « paresseuse et jaune » (sic). L’hépatite était donc un vrai fléau national ! Une autre fois, je lus ceci : « Un monolithe menace Nantua » (Papa, c’est quoi un monolithe ?). La photo illustrant l’article n’était peut-être pas très probante, mais la perspective d’un gros rocher dégringolant sur une ville et tuant ses habitants avait de quoi effrayer l’enfant que j’étais.

La conclusion que je tire aujourd’hui de cette anecdote, c’est qu’il n’est pas nécessaire de se référer à la façon dont les journalistes parlent d’Israël pour prendre la mesure de leur imbécillité.

Comme on le sait, cette profession ne brille pas davantage par son intelligence ni par son intégrité dans les médias sonores, et si j’écoute France-Musique, c’est bien évidemment parce que j’aime la musique. Quand il advient que la radio résonne chez moi à l’heure du « journal » (couplé avec France-Culture), c’est par pure inadvertance, et je ne tarde généralement pas à couper le son. Hier matin (ou était-ce avant-hier ?), j’entrai dans ma salle de séjour au moment où sortaient de mes baffles les vociférations d’un homme politique lors d’un meeting. À la fin de cet extrait, le présentateur du journal rappelle que c’était François Hollande, et dans quel contexte intervenait « le leader sion… socialiste » (sic).

Ai-je besoin de préciser que le discours de François Hollande n’avait absolument aucun rapport avec le Proche-Orient, ni avec les Juifs ? Ai-je besoin de préciser que François Hollande n’est pas juif ?

Sachant qu’un grand magazine critique de disques de musique classique peut publier six pages de propagande « pro-palestinienne » sans qu’apparemment, personne à part moi n’en soit choqué, je veux bien croire que je suis le seul auditeur à avoir relevé le lapsus inachevé du journaliste de Radio-France : raison de plus pour en parler. Ce que m’indique ce lapsus, c’est que ce présentateur n’est sans doute pas membre du P.S., certes, mais encore, qu’à l’instar de la très grande majorité des journalistes, il appartient à l’extrême gauche, une extrême gauche au sein de laquelle, tout comme dans la frange la plus antisémite et la plus conspirationniste de l’extrême droite, on voit des « sionistes » partout.

Tout de même, cette haine contre la nation juive, jusqu’où va-t-elle se loger !

Je suis fatigué de dénoncer encore et encore l’imbécillité des journalistes, et je suis fatigué de dénoncer cette haine anti-juive qui suinte de partout, et dont la presse est le vecteur le plus important. Et cependant, je sais que je continuerai à dénoncer l’une et l’autre... même quand elles seront contenues dans un lapsus constitué d’une seule syllabe.

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23 décembre 2011 5 23 /12 /décembre /2011 13:37

 

(le profil d'Emil Jellinek sur le site JONJ, traduit de l’anglais par Marcoroz)

 

Nous connaissons des Juifs qui n’achèteraient jamais une voiture allemande. Qu’il s’agisse d’une Volkswagen, d’une BMW, d’une Audi ou surtout d’une Mercedes, ils secoueraient la tête, ils évoqueraient toutes les horreurs que les Allemands ont infligées aux Juifs, ils affirmeraient qu’ils ne soutiendront jamais une entreprise allemande, etc., etc. Ce genre de diatribe peut souvent se prolonger pendant des heures.

 

Ce n’est pas nous qui essaierons de dissuader quelqu’un de ne pas aimer les Allemands. C’est bien d’une histoire terrible qu’il s’agit. Cependant, aussi étonnant que cela puisse être, cette marque la plus détestée, Mercedes, n’était pas seulement allemande : c’était une marque juive.

 

EmilJelinek.jpgNous sommes nombreux à avoir entendu dire que cette marque était le nom d’une fille, mais peu de gens savent que cette fille, Adriana Jellinek, surnommée Mercédès, était juive. L’homme d’affaires Emil Jellinek (1853-1918) fut à l’origine d’une voiture à laquelle il donna le nom de sa fille. Son père, à lui, était Adolph Jellinek, un très fameux rabbin austro-hongrois.

 

Emil a été un vrai pionnier de l’automobile. Il a conçu une voiture avec un empattement élargi, un centre de gravité abaissé et plusieurs autres améliorations qui nous échappent, nous qui sommes novices en la matière. Ce que nous pouvons dire, c’est qu’il a grandement contribué à faire, d’un chariot automobile instable et inadapté, un merveilleux engin moderne et confortable. Il est aussi à l’origine d’une des marques les plus fameuses de tous les temps.

 

Alors, peut-être serait-il temps, chez nous autres Juifs, de cesser de haïr Mercedes ? Ce sont de belles voitures, après tout.

 

Source : Jew Or Not Jew, http://www.jewornotjew.com/profile.jsp?ID=1007

 

© 2011 – JONJ (jewornotjew.com)
© 2011 - Marcoroz pour la traduction

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