Kauffmann et Seurat. Carton et Fontaine. Chesnot et Malbrunot. Et maintenant, Ghesquière et Taponier. Comme le fait remarquer une internaute de mes relations, ça marche toujours par deux. J’ajouterai que c’est à chaque fois un peu plus débile que la fois précédente.
Une petite fille de quatre ans n’a plus de père. Ce père, militaire en mission en Afghanistan, est mort des suites de ses blessures, pendant que se déroulait le rapatriement de deux crétins irresponsables. En ce 14 juillet endeuillé, je repense à la joie indécente avec laquelle les deux journalistes ont été accueillis à leur retour.
Bien évidemment, mes propos choqueront ceux qui ont gobé le mensonge répété par la télévision, selon lequel les deux fouille-merde étaient en reportage au moment de leur séquestration.
En réalité, ils n’étaient plus du tout en reportage, mais au lieu de rentrer, ils avaient décidé de leur propre chef, et contre toute raison, d’aller embrasser sur la bouche ces messagers de la civilisation et de l’humanisme qu’ils adulent et qui font la renommée de l’Afghanistan.
L’attitude corporatiste de la presse est regrettable, mais que dire de tous les ballots qui réservent, eux aussi, une sympathie et une solidarité particulières à ces pseudo héros de l’ère de « l’information » ?
Je préfèrerais, à tout prendre, que ce soient des journalistes qui meurent plutôt que des militaires. Le militaire, lui, ne ment pas. Il ne trompe pas sur son rôle. Il ne prétend pas être indépendant. Il ne dissimule pas son obéissance à une hiérarchie. Le militaire, en principe, se bat pour moi, pour que je puisse continuer à vivre libre.
Le journaliste, j’ai parfois des difficultés à comprendre à quoi il sert. Qu’on ne me parle pas d’information. L’information, le militaire sait ce que c’est, et il le sait sans doute mieux que le journaliste : car son métier consiste à rassembler l’information dont il peut disposer et à en faire le meilleur usage possible ; c’est même parfois, pour lui, une question de vie ou de mort.
Je veux bien croire que nos soldats savent pourquoi ils risquent leur vie en Afghanistan. Je peux envisager qu’il y ait une bonne raison. Mais ce n’est sans doute pas sur les journalistes que je pourrais compter pour me la dire.