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31 janvier 2011 1 31 /01 /janvier /2011 15:09

 

Lettre ouverte à Emmanuel Dupuy,

 rédacteur-en-chef du magazine mensuel Diapason

 

Monsieur le Rédacteur-en-chef,

 

En feuilletant hier le dernier numéro de Diapason, j’ai été passablement surpris d’y trouver un reportage d’une demi-douzaine de pages sur la musique à Gaza. Il y est expliqué que les activités musicales, dans la bande de Gaza, ont cessé par suite de la « création » de l’État d’Israël en 1948.

 

Je ne suis ni acheteur ni abonné mais j’ai souvent feuilleté cette revue, surtout ces derniers temps, et je n’ai pas souvenir qu’elle ait souvent publié un reportage de ce genre, concernant une quelconque région du monde. Peut-être que ma mémoire me trompe ?

 

La première photo montre une scène urbanistique apparaissant dans l’encadré d’un grand trou dans un mur, censément provoqué par un bombardement. L’opération « Plomb durci » est mentionnée au début de l’article, à la fin de l’article, et au moins une troisième fois dans l’article. Cela fait beaucoup, surtout pour décrire une situation censée avoir été provoquée par un événement intervenu en 1948.

 

emmanuel-dupuy-diapason-paris-20092-623.jpg

Avant de vous écrire, j’ai pris soin de chercher à en savoir davantage sur vous, et ma requête sur Internet m’a conduit à un « portrait », quoique ce terme semble mieux s’appliquer à la photo qu’au texte. Le texte, en voici les principaux extraits, avec mes commentaires :

  

« On ne se souvient plus trop aujourd’hui que le magazine Diapason était, dans les années 70, une bien modeste brochure entièrement consacrée au disque… »

 

J’étais jeune, mais je m’en souviens un peu tout de même. Je me souviens même que déjà, à l’époque, je préférais la revue Harmonie.

 

« … qui évolua par la suite au cours des glorieuses années 80 en une magnifique pompe à pub… »

 

 C’est ce que l’on appelle avoir le sens de la formule. Je constate que depuis, ça n’a pas cessé de pomper chez Diapason.

 

« L’arrivée à sa tête du flamboyant et audacieux Yves Petit de Voize allait rédactionnellement bouleverser le journal… »

 

Certes, avec des termes comme « rédactionnellement », il y avait déjà de quoi bouleverser un journal.

 

« … à la suite d’une coexistence cocasse avec Edith Walter, fondatrice de Harmonie, que Diapason venait de racheter. »

 

Ici, deux ou trois remarques me sont tout de suite venues à l’esprit, mais je vous les épargne.

 

« Oui, la presse musicale a toujours été un peu cannibale et cela ne semble pas vouloir cesser.! »

 

D’une certaine façon, la presse en général est amatrice de chair humaine. Depuis un bon moment, elle aime surtout bouffer de l’Israélien... La presse musicale aussi, en effet, si j’en juge par le dernier numéro de votre mensuel.

 

« C’est à Yves Petit de Voize qu’Emmanuel Dupuy doit d’avoir fait ses premières piges à Diapason, après avoir assisté de toutes les façons possibles (chauffeur, tourneur de pages, régisseur…) ledit Petit de Voize... »

 

Heureusement que l’auteur de la note n’a pas poursuivi trop loin cette énumération. D’ailleurs, pour votre sécurité, si jamais vous comptez vous rendre un de ces jours à Gaza…

 

Passons.

 

« Notre Girondin, avant de rejoindre définitivement la rue Pierre-Avia, a passé deux années à Voici et dans le groupe Prisma. C’est donc en professionnel aguerri qu’il a longtemps tenu à Diapason le secrétariat de rédaction, puis la rubrique musique vivante, avant de prendre en charge l’ensemble de la direction du magazine. »

 

À l’évidence, votre passage chez Prisma vous a marqué, pour que vous publiiez dans un magazine consacré au disque classique quelque chose qui tient à la fois du style racoleur de Voici et des articles les plus antijuifs de National Geographic.

 

« Emmanuel Dupuy a visé la continuité, et conforté avec sagesse tout ce qui a fait le succès d’un magazine de référence. Sous la flegmatique attitude du journaliste perce vite la passion – la forme est réservée, l’esprit est impétueux, clair et sourit à l’audace. »

 

Il faut de l’audace, probablement, pour écrire qu’il se trouve actuellement à Gaza un million de « réfugiés » d’une guerre qui a eu lieu il y a 62 ans (un chiffre voisin de l’espérance de vie à Gaza à cette époque), sans compter que les historiens s’accordent pour évaluer le nombre total de réfugiés arabes de cette guerre, à l’époque, entre 450 000 et 750 000.

 

Il faut aussi de l’audace pour expliquer à un public de mélomanes que la création – moi, j’aurais « mahleriennement » dit la résurrection – d’Israël (sans doute le seul État au monde à avoir été « créé » postérieurement à son propre orchestre symphonique), a pu mettre fin à une florissante culture musicale dans un territoire que les Britanniques venaient de transférer à l’Égypte et que celle-ci allait garder sous son contrôle pendant près de vingt ans.

 

Mais il faudrait peut-être davantage encore d’audace, et surtout, davantage de courage et d’intégrité, pour se refuser à rejoindre la meute de tous ceux qui calomnient Israël, toujours plus nombreux et plus confortés par leur nombre.

 

J’aimerais que vous m’expliquiez par quel mystère la proclamation de l’État d’Israël, à moins que ce ne soit la guerre d’indépendance d’Israël, a pu avoir de telles conséquences sur la vie musicale dans un territoire passé à cette époque de la souveraineté britannique à la souveraineté égyptienne.

 

Enfin, puisqu’il régnait avant 1948 à Gaza une culture et une activité musicales si florissantes, peut-être pourriez-vous avoir aussi l’obligeance de me citer les noms de quelques formations et de quelques musiciens arabes de la région ayant brillé à cette époque dans le répertoire classique.

 

Dans l’attente de devenir grâce à vous un peu plus instruit,

 

Courriellement et internettement vôtre.

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commentaires

H
<br /> Chapo Marco.<br /> <br /> <br />
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B
<br /> « sans doute le seul État au monde à avoir été « créé » postérieurement à son propre orchestre symphonique »<br /> <br /> Que la formule et la réalité sont belles. L'écho de Diapason ne renvoie aucun chant. Seulement les mots d'une propagande détestable.<br /> Ce soir je préfère rêver au récit que me fit une amie : Aïda à Massada. Beau présent d'une amie, cette émotion transmise.<br /> <br /> <br />
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Z
<br /> Excellente réponse. Il ne faut plus laisser libre-cours à la délégitimation d' Israel. Puis-je vous emprunter votre lettre et l'expédier à mon tour à Diapason, en en précisant que vous êtes<br /> l'auteur? Du coup, je remets mon achat du magazine à mars.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Faites donc, je vous en prie !<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> je serais curieuse de voir la réponse de ce monsieur, si réponse il y avait.<br /> jaime bien le ton de ton billet.<br /> cela dit, anti-israëlien ne veut pas automatiquement dire anti-juif.<br /> <br /> <br />
Répondre
M
<br /> <br /> Pas automatiquement. Cependant... as-tu souvent entendu parler d'articles, de déclarations ou de propos qualifiés d'anti-espagnols, d'anti-chiliens ou d'anti-argentins ? ou<br /> d'anti-autrichiens ? ou d'anti-suédois ? <br /> <br /> <br /> <br />

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